Donner du sens à la souffrance ? 

Nos souffrances sont-elle vaines ou stériles ?

Nos souffrances ne sont pas vaines ou stériles. En nous faisant passer par le feu de la forge elles nous transforment et nous façonnent. Nous découvrons alors que nous sommes travaillés, modelés comme de l’argile entre les mains du potier. Ce que le Moi «perd» en souffrance, le Soi «gagne» en croissance spirituelle.

Les épreuves et leur lot de souffrances nous tiraillent entre notre pulsion de vie et notre pulsion de mort. Elles nous confrontent à un combat spirituel. Cependant, nous ne pouvons pas «triompher» dans ce combat par nos propres forces. Seule la Grâce et la miséricorde divine permettent d’en sortir
«vainqueur». La foi, la prière et les armes du combat spirituel contribuent à surmonter l’épreuve. 

À l’issue de ce combat, on constate généralement, après une prise de recul indispensable, que des qualités divino-humaines ont été déposées en nous comme des graines de sagesse… si nous acceptons d’en prendre conscience et de les faire nôtres. Ces qualités divino-humaines sont une déclinaison des vertus théologales à savoir la Foi, l’Espérance et l’Amour, piliers de la vie chrétienne. Elles sont illustrées et prônées par la Bible, ses personnages et ses récits. Ces qualités sont notamment les suivantes :

  • L’Amour, la Miséricorde, la Compassion, la Tolérance, le Service, le Don de soi.
  • L’Éthique, la Morale, la Justice, la Force, la Combativité, la Fidélité, l’Exigence,
  • Le Discernement, la Liberté, la Responsabilité.
  • L’Humilité, la Patience, la Persévérance, l’Acceptation,
  • La Gratitude, la Paix, la Joie.

Ainsi par exemple, si j’ai vécu un violent conflit avec une personne et que cela a débouché sur une réconciliation et un pardon sincère, des qualités personnelles telles que l’humilité, la persévérance et l’amour peuvent émerger de la souffrance liée à cette épreuve. 

L’exemple de Job est édifiant. Ce «Juste souffrant» se sent « irréprochable » car il obéit scrupuleusement à la Loi. Or il se voit affublé de toutes sortes de maux. Il perd ses enfants, sa santé, sa richesse. Il interpelle Dieu et lui demande des comptes pour l’« injustice » qui lui est faite. Il argumente avec lui tout en lui restant fidèle. Il «capitule» enfin au sortir des méandres de ses souffrances en reconnaissant auprès du Seigneur qu’il ne le «connaissait que par oui dire, mais que maintenant ses yeux l’ont vu». Il était un « sachant Dieu », il est devenu une « connaissant Dieu ». Par la grande Rencontre il a fait l’expérience personnelle et intime avec son Seigneur. Ses souffrances lui ont appris l’acceptation, la patience, le cœur à cœur avec Dieu au-delà du moralisme et du conformisme religieux.

Selon la Genèse nous sommes «créés à l’image de Dieu et capables de ressemblance» (Ge 1,26). A travers nos tribulations un pas peut-être franchi vers cette ressemblance. La proposition de Jésus d’être «parfait comme notre Père céleste est parfait» (Mt 5, 48) trouve un certain écho sur un chemin de «perfection». Cette mutation intérieure est une autre manière d’illustrer le propos de St Irénée selon lequel «Dieu s’est fait Homme, pour que l’Homme devienne Dieu».

Ces prises de conscience sont importantes pour soi et pour des personnes accompagnées par une approche psycho-spirituelle. Leur permettre de discerner l’intention positive de la Vie à travers leurs épreuves est un grand facteur d’espérance qui galvanise la pulsion de vie et change le regard porté sur la souffrance.

Questionnement proposé :

  1. Sur quelle(s) qualité(s) divino-humaines ai-je le sentiment d’avoir progressé ces dernières années ?
  2. À quelles épreuves ou souffrances je peux associer ces progrès ?
  3. Mes conclusions ?