Confidences du Fils Prodigue

De l’égarement au retour vers l’essentiel

Jésus raconte la parabole de l’enfant prodigue. Cet enfant demande sa part d’héritage à son père et, avec cet avoir il mène une vie dévoyée, festoyant et dépensant son argent avec des prostituées.

Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans la tête de ce fils pour qu’il quitte la maison de son père et choisisse un tel parcours de vie avant d’opérer un retournement. Lorsqu’il « entra en lui-même », en voyant la grande misère dans laquelle il s’était mis, imaginons ce qu’il aurait pu exprimer en se confiant à cœur ouvert.

« Avant de quitter la maison de mon père, je ressentais beaucoup de frustrations. J’avais envie d’explorer le vaste monde et jouir sans entraves des plaisirs qu’il pouvait apporter. J’étais fasciné par les femmes et souffrait des non-dits et des interdits qui pesaient sur le thème sensible de la sexualité dans notre maison. J’avais un immense respect pour mon Père mais je ne voulais en aucun cas suivre le même chemin que mon frère ainé. Ce dernier était très dogmatique et se pliait aux nombreus rituels et commandements de notre religion. Je trouvais cela étouffant et pour tout dire, je ne sentais pas mon frère aîné joyeux et épanoui pour autant. Sa religiosité ne l’empéchait pas d’être violent et jaloux.

Lorque j’ai demandé ma part d’héritage à mon père, il n’a pas hésité à répondre à ma demande. J’ai vraiment apprécié qu’il respecte pleinement ma liberté de choix.

Lorsqu’au fond de ma misère je fis un travail d’intériorisation, je pris conscience que le dénuement total dans lequel j’étais, reflétaient un état de pauvreté intérieure. Je comblais un fort sentiment de solitude qui me venaient du plus profond de mon être. Mon père était pour moi un personnage tellement immense que, paradoxalement je m’en tenais à l’écart. Mon frère lui, étais scrupuleusement soumis. Moi, je cherchais à m’en différentier. Je voulais suivre coûte que coûte ma propre voie. C’est pourquoi je décidais de quitter la maison et de partir à l’aventure.

Certes, j’ai vécu un temps de turpitude où je gaspillais un argent facile. Je ne rencontrais que des petits bonheurs sans lendemain qui me ramenaient très vite à un vide profond et me laissaient un goût amer. La famine qui a sévit dans la contrée où je me trouvais reflétait ma famine intérieure. J’avais faim d’une vraie vie et, en suivant la voie de mes pulsions, je suis tombé dans le mirage d’une fausse vraie vie. Inconsciemment je cherchais l’amour. En me jetant à corps perdu dans ce que j’imaginais être ses délices, j’ai découvert que je m’y suis totalement fourvoyé. L’amour véritable n’est pas passionnel. Il est infiniment plus subtil.

Lorsque tenaillé par la faim je fis un retour sur moi même, les écailles me tombèrent des yeux. J’avais tout faux. Il me sembla évident que le seul espoir de retrouver la vie était de retourner vers la maison de mon père. Je craignais qu’il me punisse et me rejeta. Quelle ne fut pas mon emotion et mon immense bonheur lorqu’il m’accueilli à bras ouvert. Je senti très fort que j’avais frôlé la mort et que je revenais à la Vie avec un grand « V ».

Mes illusions se sont évanouies comme une bulle de savon. Mais j’ai eu besoin de passer par ces expériences  pour découvrir la valeur du vrai trésor qui m’était proposé par ailleurs.

Aujourd’hui, avec le recul, lorque je regarde cette étape de mon existence, je regrette mes égarements vécus dans l’inconscience de la portée de mes actes. Et en même temps je suis totalement guéri de mes désirs illusoires d’antan. Je mesure maintenant ce qu’est le bonheur d’être auprès du Père. Je redécouvre le goût et la valeur de la Vie. Je sais enfin ce qu’est être vivant. Mon nouveau défi est de retrouver la paix avec mon frère, mais mon cœur s’étant ouvert, je ne doute pas d’y arriver. »

Ainsi, le fils prodigue a opéré sa conversion en prenant appui sur l’expérience d’une vie dévoyée. Il a pris conscience des ombres qui l’habitaient, les a reconnu et traversé. Devenues un point d’appui pour sa conversion, elles sont devenue lumière. Ayant rencontré la désolation liée à l’absence du Père, puis les délices des retrouvailles, il est devenu un « connaissant Dieu ».

Certes, chacun d’entre nous n’a pas besoin de passer par ce type d’expérience, mais cela montre qu’en reconnaissant ses ombres, quelles quelles soient, en les nommant et, avec l’aide de l’Esprit, une voie de guérison et de rédemption est toujours ouverte.

Alain-Joseph Setton

Extrait du livre « Coaching Biblique »

https://www.coaching-biblique.fr/