L’Homme sur un chemin de mutation

Des finalités spirituelles à notre chemin d’évolution

Nous sommes des passants dans ce monde, des pèlerins. Vers quoi nous mène ce pèlerinage ? Mieux comprendre le dessein de Dieu pour l’homme aide à mieux s’y investir et diriger ses pas. « Il n’y a pas de bon vent pour un bateau qui ne connaît son port… », dit Sénèque.

Le livre de la Genèse nous donne une indication très précieuse (cf. Ge 1, 26). C’est la traduction proposée par Annick de Souzenelle, exégète et cabaliste chrétienne, qui me paraît la plus juste, à savoir : « Faisons l’homme à notre image, capable de ressemblance ». Ainsi, images de Dieu, nous le sommes tous, mais la « ressemblance » est simplement une potentialité qu’il nous appartient de mettre en œuvre pour l’accomplir. Ce choix nous appartient. C’est notre responsabilité de décider ou pas de tendre vers cette ressemblance. Le modèle parfait étant Jésus le Christ. Lui-même énonce cette potentialité : « Ne savez-vous pas que vous êtes des dieux ? » (Jn 10, 34) faisant référence au psaume 82.

Nous retrouvons la même assertion dans le Prologue de Jean : « Mais à tous ceux qui l’ont reçue (la Lumière), à tous ceux qui croient en son nom (le Logos), elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12). Ce « pouvoir » est cette capacité qui nous appartient d’investir ce mouvement d’accomplissement vers la ressemblance, et ainsi d’advenir au « statut » d’enfant de Dieu. Cela part de notre désir et n’est réalisable que par la Grâce divine. 

Cette vision est confirmée par saint Irénée pour qui : « L’Homme créé à  l’image de Dieu est capable de déification. Il n’a pas été créé achevé. Il lui est demandé de collaborer à sa propre élaboration, création ». Selon saint Irénée : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ». Pour le père Philippe Dautais  : « Capable de ressemblance » signifie que tout reste à faire. Si l’image de Dieu est actuelle, la ressemblance, elle, est à accomplir. »

Reste à préciser ce que signifie « accomplir ». Pour Annick de Souzenelle, l’Arbre de la connaissance n’est pas celui de « la connaissance du bien et du mal », mais celui de « l’accompli et du non encore accompli ». Elle fait référence à nos deux côtés, conscient et inconscient, qui ne sont pas à dénier mais à reconnaître et à intégrer. Et elle ajoute : « l’homme est créé libre de répondre ou non à sa vocation d’accomplissement. »

Ainsi, notre chemin de mutation a pour ambition de tendre vers la déification. Pour cela, un travail d’accomplissement nous est proposé. « Tout est accompli » (Jn 19, 30), dit Jésus sur la croix, ouvrant la voie à notre propre chemin d’accomplissement. 

À mon sens, l’accomplissement est un processus d’élargissement de conscience et d’ouverture du cœur. Il passe aussi par la reconnaissance, la transformation et l’intégration de nos « ombres », à savoir notre violence, nos peurs, colères, dépressions, jalousies, orgueils, etc., qui peuvent être autant d’obstacles à notre évolution spirituelle. 

Ces émotions en excès ou inadaptées aux réalités présentes sont des symptômes qui témoignent de nos blessures, souffrances, conflits, manifestations égotiques ou manque de foi. Elles sont autant d’indicateurs de notre « non encore accompli » et nous invitent à accomplir un travail de transformation.

Alain-Joseph Setton

Extrait du livre « Le coaching biblique, un accompagnement psycho-spirituel »

Alain-Joseph Setton

Extrait du livre « Le coaching biblique, un accompagnement psycho-spirituel »

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